• Présentation générale du collectif « Lurra eta etxebizitza »

    Présentation générale du collectif « Lurra eta etxebizitza »

     

    § Quand et pour quelles raisons avons-nous créée le collectif ?

     

                Le collectif « Lurra eta etxebizitza » a progressivement vu le jour en 2008, suite à diverses discussions informelles au sein d’un petit groupe de jeunes, qui avons commencé à nous concerter et nous intéresser de plus près au thème de la gestion des terres et des logements, au Pays Basque nord.

     

                Ayant tous en commun, le fait d’être interpellés par la situation quelque peu critique du logement, et la volonté d’agir sur ce problème, nous avions ainsi pris la décision de monter un groupe qui lutterait contre la spéculation foncière et immobilière qui ne cesse de sévir sur notre territoire.

     

                En effet, l’inquiétant constat qui nous avait rassemblé et alerté, était :

    le nombre aberrant de résidences secondaires sur la zone littorale, alors que tant de personnes peinent à se loger ; le nombre croissant de maisons vides, inoccupées alors que les dernières « jolies » prairies constructibles sont disputées pour y faire pousser des lotissements à moindre coût; l’envolée des prix des terrains prisés de la zone intermédiaire, qui par la force des choses, a fait que les terrains délaissés et moins attractifs de la zone intérieure sont bradés; et la quasi impossibilité pour les locaux, de résider sur leur propre territoire, car devenue trop chère au vu de leurs modestes moyens.

     

                En soi, le déséquilibre et les méfaits qu’était en train de créer l’attractivité voulue et accrue de la zone littorale, avait été constaté et dénoncé par des groupes abertzale, dès les années 70, et une attitude plus responsable avait été réclamée quand à la gestion de la terre et de l’image renvoyée du Pays Basque nord.

     

                Aujourd’hui, même si on peut constater certains efforts en faveur du logement, la situation ne cesse pas pour autant de s’aggraver. Et, face aux limites des précédents outils de lutte (boycott du Salon de l’Immobilier de Biarritz, l’affaire Ducasse etc.), nous avons senti la nécessité de réfléchir à une nouvelle façon de donner suite à cette cause légitime, avec de nouveaux outils. Ainsi, nous voudrions nous situer dans la continuité du combat qui a été mené depuis ces 40 dernières années.

     

     

    § Qui sommes-nous ?

     

                Nous sommes un groupe composé d’étudiants et de travailleurs en tout genre, qui nous rassemblons autour du thème de la gestion de la terre et du logement, lorsque nos temps libres nous le permettent. Nous tenons à nous auto former et nous autogérer pour n’être sous l’influence d’aucun parti, nous tenons à cultiver la réflexion au sein du groupe, à la partager et la confronter à différents acteurs locaux, et nous encourageons à la désobéissance civile.

     

                Nous sommes majoritairement plutôt jeunes car la difficulté de se loger touche particulièrement les jeunes (sans emploi ou premier emploi, n’ayant pas encore pu épargner, difficultés pour obtenir un prêt etc.) même si nous constatons que cela concerne, et est généralisable, à toute la population.

     

    § Quel est notre point de vue à propos de la problématique de la terre et du logement ?

     

              Nous pensons que les conséquences de la politique économique menée jusque là, sont directement la source du problème actuel.

     

              En effet, dans les années 70, le gouvernement avait fait le choix de miser presque exclusivement sur le tourisme pour notre territoire, en surinvestissant ce domaine là, ce qui s’est directement répercuté sur les autres secteurs d’activités (agriculture, industrie, construction, pêche), qui n’ont pas eu les subventions nécessaires pour garantir leur maintien et leur bon développement au sein de l’économie locale.

     

              En faisant ce choix là, l’économie du Pays Basque nord venait de subir un tournant décisif et non sans conséquences, en déséquilibrant complètement la répartition du travail au sein des différents secteurs d’activités:

    C’est l’agriculture qui en a le plus souffert en perdant 40% de ses emplois, la part occupée par l’industrie, elle, se maintient, et le secteur des services représente désormais plus de la moitié des emplois (cf le chapitre 2. de notre Dossier).

     

              Le débat que nous soulevons ici n’est pas de savoir si nous avons besoin ou non du tourisme pour notre territoire, mais bien de savoir si la part attribuée à ce secteur d’activité au sein de l’économie a été, et sera raisonnée, et recontextualisée pour ne pas que cela se fasse au détriment des autres secteurs d’activités.

     

              Nous restons persuadés que lorsqu’un projet de développement économique d’un territoire se planifie et se décide, il est incontournable d’analyser et d’anticiper quelles contributions et préjudices cela aura sur différents domaines, car les implications d’un tel projet sont multiples : le travail, le chômage, le niveau de vie, l’évolution de la population, la gestion des terres, les conséquences écologiques, l’attractivité du territoire, les prix de l’immobilier…

     

              Si nous jetons un œil sur la situation actuelle, nous pouvons constater que nous avons affaire à une forte croissance démographique sur la zone littorale et intermédiaire, tandis que les terres de la zone intérieure se sont progressivement vidées. Nous pouvons aussi remarquer que sur le littoral et l’intérieur il y a une grande part de personnes âgées, qui ont toutefois un niveau de vie différent.

     

              - Du fait de l’attractivité exacerbée et de la spéculation immobilière qui en a découlée, la zone littorale a subi une importante hausse des prix du logement la rendant inaccessible (comparable à certains quartier de Paris, Cannes…). C’est une zone, qui désormais, est disputée par surenchère, par les personnes les plus fortunées, et qui connaît des taux de résidences secondaires effrayants (plus de 40% du parc immobilier à Saint Jean de Luz ou Biarritz). Ce qui justifie le qualificatif d’effrayant est que ces résidences sont volontairement vides hors saison, afin les garder disponibles pour la période estivale, ce qui donne un air de « ville fantôme » à certains paysages de bord de mer, durant le reste de l’année.

     

              - La zone intermédiaire, elle aussi, a subi un accroissement considérable d’habitants (+ 50%) car elle est très prisée par les jeunes actifs, du fait de sa proximité immédiate avec la côte. Néanmoins, elle n’a pas échappé à la hausse des prix, et il commence à y être difficile d’y trouver un logement à un prix raisonnable, tant pour la location que pour l’achat.

     

              - Dans le même temps, la zone intérieure qui a, peu à peu, connu une désertification, s’est retrouvée avec un nombre croissant de maisons vides délaissées car inadéquates aux modes de vies actuels, et trop chères à réhabiliter. 

     

              L’objectif de notre collectif est de dénoncer la situation inquiétante de la gestion du foncier et de l’immobilier, et de faire prendre conscience de l’étendue des domaines qui sont touchés par ce thème là, tout en sollicitant la désobéissance civile.

              Nous soutenons la création d’une plateforme spécifique réunissant les différents acteurs locaux autour du thème de la gestion des terres et du logement.

             

     

    § Qu’entendons-nous par « une plateforme » réunissant les acteurs locaux ?

     

              Il n’est pas facile de répondre à cette question, de se projeter et d’imaginer à quoi peut ressembler une tribune d’échanges d’idées et de propositions d’actions concrètes, qui  n’a auparavant jamais été fait autour de ce thème là. Tout simplement, car nous n’avons pas de projets arrêté, il est en cours de réflexion et de construction, et nous souhaitons solliciter tout le potentiel des habitants, acteurs, impliqués, élus, intéressés locaux que nous rencontrons chaque jour, pour faire avancer ce projet.  

     

              Tout ce que nous pouvons en dire pour l’instant, c’est que c’est un exercice auquel nous appelons quiconque souhaite vivre et travailler sur le territoire du Pays Basque nord, pour que tout le monde puisse y amener sa contribution essentielle.

     

              Les différents acteurs locaux devraient davantage se réunir autour de cette problématique là, pour proposer diverses pistes de solutions, ou du moins, des champs d’actions possibles.

    Nous pensons qu’il est indispensable que la compétence et le pouvoir de décision, liée à la gestion de la terre et du logement soit enfin remise entre les mains d’une structure adéquate ; et non, au bon gré de promoteurs/acheteurs privés qui surenchérissent 5 fois le prix initial d’un bien, face auxquels se retrouve le villageois démuni et impuissant. Cette situation malheureusement fréquente nous paraît insensée, et éthiquement incorrecte.

              Nous constatons aussi, que les municipalités, qui ont, certes, un droit de regard sur les achats et ventes dans leurs villes, sont bien souvent condamnées à n’être que spectatrice de ces transactions, par manque de moyens d’agir et de pouvoir décisionnel.

     

              Nous lançons donc un large appel auprès de tous ces acteurs : élus municipaux, syndicats, associations ou structures locales existantes ... qui défendez et vous sentez concernés par les valeurs de ceux qui veulent vivre et travailler au Pays Basque nord, à réfléchir ensemble, à la création d’un comité ou d’une assemblée…

    Le but étant d’obtenir les compétences et les instruments qui nous manquent à ce jour, pour pouvoir lutter efficacement contre la spéculation et reprendre la gestion des terres qui avaient été abandonnée aux mains des plus riches.

     

              Notre collectif n’a pas la prétention d’être le créateur de ce nouvel instrument, ni même, d’être ce groupement là d’acteurs, mais nous souhaitons œuvrer au maximum pour faciliter et contribuer à un lieu de rencontre entre les différents acteurs locaux, et ce sera à eux de créer une sorte de plateforme, répondant aux besoins spécifiques du territoire, et aux demandes des habitants, partant des limites auxquelles se heurtent les structures actuelles.

     

     

    § Quels outils de travail et de lutte utilisons-nous pour faire face à la situation actuelle ?

     

    ü L’auto formation et la diffusion d’information 

    Nous pensons que celui qui se sent concerné par la situation doit être capable de chercher et reconnaître les origines du problème par lui-même, qu’il doit être capable de fonder et de renforcer ses propres arguments, tout en se servant de l’information circulant autour de lui et en s’informant des événements qui se passent autour de lui (parution de compte rendus, magazines économiques, participation aux réunions publiques, être au point / du moins, au courant de l’existence de différents organismes publics, lois, instruments…) pour pouvoir juger de lui-même, de la pertinence des réponses ou solutions apportées..

    Notre objectif est ensuite de diffuser le savoir acquis, à un plus grand nombre d’intéressés.

      

    ü   La désobéissance civile

    C’est une façon efficace pour stopper ou ralentir une situation critique, ainsi que pour la dénoncer, pour faire circuler l’information sur les murs… Quand nous avons en notre possession une information sur une situation que nous déplorons, c’est un moyen d’action et de diffusion dont nous nous servons. Et comme nous pensons que les actions que nous menons sont légitimes, nous les assumons totalement et c’est donc un outil de lutte qui nous est précieux.

       

    ü L’autogestion

    Parce que nous encourageons la réflexion constante, l’échange d’idées et d’opinions au sein du groupe, nous tenons à n’être sous aucune influence. Nous tenons à nous autogérer pour n’avoir aucune dépendance financière, mais bien évidemment, nous avons des besoins pour pouvoir mener à bien diverses actions. Sur ce point là, nous tenons à souligner notre reconnaissance aux divers Gaztetxe qui nous prêtent leurs locaux gratuitement, ainsi que pour la complicité que nous entretenons avec eux.

     

     

     


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